Quand j’y étais, je n’ai rien vu de parfait. C’était sale et je ne discernais que des formes vagues auxquelles j’étais incapable de donner un sens. Le pixel appartenait à cette bourgeoise contemplative et orgueilleuse qui se fout de ton temps et de mon temps. Ce que je voyais était abîmé, griffé et délavé par les pollutions d’un trafic de vie sous-terrain. Il n’y avait que des gueules et des plaies, de la viande et du noir et blanc qui savaient pas choisir leur camp. Quelle définition pour n’exister que dans l’haleine fraichement rincée du crotteux tout fardé que toi et moi, on connait même pas. Quand il se couche sur la page où s’écrit ton histoire, c’est limpide et ça respire cette technologie qui nous fait jouir comme si on était des putes à circuits. Presque, j’ai trouvé ça beau, tellement on était crevés déjà hier, vraiment beau, tellement c’était impudique. Du pouacre qui refoule la saturation et l’exposition, sur, menteuse, presque vulgaire. Tellement grainé que celui-là on lui voyait pas la bouche. Encore une bouillie familière qu’on t’a rentré dans la gueule quand t’avais pas encore la cervelle pour lui fourrer la cuillère au fond de l’orbite. La nourrice. Avant. Et la matrice, Sainte sur le négatif. T’as juste pas fermé l’oeil de la nuit avec ce bruit de merde. Ils sculptent le pixel. Ils jouissent tout plein entre les dents pétées du morveux. La pute c’est toi parce que tu dors pas. Pouilleux bâtard, rejeton bâclé de l’obturateur. Bruit chromatique level up et ton contraste qui mastique les vers du p’tit crotteux emmailloté dans le cuir de ton père. Tu lèches ton gruau périmé au fond d’la gamelle et tu t’en fourres jusqu’au fond des oreilles pour voir si y a pas le sommeil caché là, qui s’roulerait dans ta crasse à toi. Tu t’en fous plein la face pas définie. Tu rénoves ton minois mordu par le verre. Esthéphémère vignette avortée. Qu’ils grattent le plat parce qu’y aurait la photo en d’dans qu’on nous a dit. On se fout de l’émail sous les ongles pis on transfuse les morceaux encore frais avec la liqueur qui nous coule de la couture défaite. Elle est là-dedans la photo qu’on nous a dit, gratte. Transfuge; ta pellicule. Mais quand j’y étais, je n’ai rien vu de parfait. C’était beau parce que j’ai vu que ce qui est vivant, c’est abîmé; ça s’abîme pour être à la hauteur de la mort. C’est même pas tout à fait propre, c’est même pas vraiment honnête avec les talents de la plume. Parce qu’il y avait tellement de lumière. Trop. Parce que la poudre d’argent nous a déchiré la face et qu’il nous restait plus qu’à être laids comme ça. Parce qui nous restait plus que ça et que finalement, ça s’imprimerait nulle part.

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